Avec son décor unique d’un autre âge et son ambiance chaleureuse de bois verni, où fresques charmantes et citations bon enfant rutilent sur les murs, la guinguette Chez Gégène a déjà accueilli un nombre incalculable de tournages. Le plus improbable reste tout de même celui de L’Arnacoeur : on y retrouve la salle de restaurant entièrement vidée, illuminée de lampions méditerranéens faisant parfaitement illusion dans la fameuse scène de chorégraphie à la Dirty Dancing censée se dérouler dans le midi.
Chez Gégène n’a pas attendu cette célèbre chorégraphie pour faire danser les franciliens sur son parquet ciré. La guinguette la plus célèbre de France doit son nom à son créateur, Eugène Favreux qui installe en 1918 une simple roulotte au bord de la Marne, côté Joinville le Pont. Très vite, il attire les joyeux drilles grâce à son sens de la fête avec jeux de boules, balançoires et même un dromadaire qui déchaîne la curiosité de sa clientèle. Les gros bras peuvent aussi tester leur force sur un boxeur géant trônant toujours dans le jardin devant les sourires des canotiers goguenards. Mais la véritable notoriété de l’établissement éclate en 1953, alors que Joinville le Pont est le centre français du cinématographe et qu’Eugène Favreux en tient la cantine. La guinguette devient alors the place to be du gratin du 7ème art et Bourvil l’immortalise en chantant ses éloges dans la célèbre chanson « A Joinville-le-Pont ». Aujourd’hui, on court toujours Chez Gégène pour couler des heures heureuses autour de plats à la bonne franquette où moules frites et tartes aux fraises se dégustent accompagnées d’un gouleyant vin blanc sur des nappes rouges à carreaux. Et bien malin celui qui arrive à empêcher son pied de taper au son de l’accordéon, quand les voisins de tables, eux, ne se gênent pas pour guincher.
Photos : ©2010 Guinguette Chez Gégène