
1979, Apocalypse Now parachève le triomphe du Nouvel Hollywood
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C’est une maison ocre rouge, dans le village situé au pied d’un des volcans les plus célèbres du monde, l’âpre Stromboli, dont l’activité ne s’arrête jamais. Aujourd’hui, la "Casa Ingrid" offre un confort moderne aux cinéphiles aisés qui la louent à la nuit pour dormir sur les traces de l’un des plus fameux couples de l’Histoire du cinéma, mais pendant les quelques semaines ou Ingrid Bergman et Roberto Rossellini y vécurent au printemps et à l’été 1949, il leur fallut se contenter d’un système de douche rudimentaire aménagé sur le toit. Stromboli est le premier des six films tournés par le maître du néo-réalisme avec la star suédoise. Il raconte l’histoire d’une jeune Lithuanienne, assignée à résidence en Italie après la guerre. Pour pouvoir quitter son sordide camp de réfugiés, elle accepte d’épouser un jeune pêcheur de l’Ile de Stromboli. L’environnement hostile et la violence de son mari font bientôt de sa nouvelle demeure une prison encore plus redoutable que celle du camp...
Ici on suit l’errance d’Ingrid Bergman dans les rues du village, on assiste au massacre des thons par les pêcheurs : réalisé avec le concours des habitants du village, Stromboli est l’occasion pour Rossellini de déployer son talent dans un univers en marge du monde, bien différent des métropoles ruinées par la guerre où se situaient les films qui avaient fait sa célébrité : Rome ville ouverte, Païsa, Allemagne année zéro. Mais la rencontre entre Ingrid Bergman et Roberto Rossellini braque sur l’îlot volcanique les regards de la presse mondiale ! Il faut dire que l’actrice, devenue l’un des grands mythes d’Hollywood avec Casablanca, a abandonné non seulement sa carrière américaine mais son mari suédois et leur fille pour vivre une passion artistique devenue rapidement amoureuse avec Rossellini.
En 1945, l’actrice a visité l’Europe en ruines. Elle est, mieux que d’autres à Hollywood, en état d’apprécier les travaux que Rossellini a produits à partir de cette réalité, et qui ont provoqué un examen de conscience sans précédents des cinéastes de « l’usine à rêves » américaine. Ingrid Bergman vient de vivre un tournage difficile dans le rôle de Jeanne d’Arc sous la direction de Victor Fleming. Elle écrit à Rossellini : « Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français, et qui en italien ne sait dire que « ti amo », alors je suis prête à venir faire un film avec vous. » La réponse de Rossellini, enthousiaste, ne se fait pas attendre. Il a un film pour Ingrid Bergman : c’est Stromboli. En apprenant que Rossellini va réaliser ce projet sans elle, sa compagne Anna Magnani lui a fait une épouvantable scène de ménage. Lorsqu’Ingrid Bergman atterrit triomphalement à Rome en mars 1949, tous les ingrédients de sa passion pour le metteur en scène sont déjà réunis : « Il y avait tant de monde à l’aéroport qu’on aurait plutôt cru qu’on attendait une reine, pas moi. Roberto m’a mis dans les bras un grand bouquet de fleurs et nous nous sommes tant bien que mal frayés un chemin jusqu’aux voitures », écrit-elle dans ses mémoires.
Hedda Hopper, célèbre chroniqueuse qui fait trembler Hollywood, se rend sur le tournage de Stromboli. A l’énoncé de la rumeur selon laquelle elle serait enceinte, Ingrid Bergman dément vigoureusement. Mais Louella Parsons, l’autre diva de la presse américaine, donne l’information quelques jours plus tard. Furieuse que son scoop ait été ainsi "grillé", Hedda Hopper multiplie alors les éditoriaux vengeurs, estimant que l’actrice qui a joué une sainte pucelle dans Jeanne d’Arc bafoue son contrat avec le public. C’est bientôt la Légion de décence Américaine, qui appelle au boycott des films avec Ingrid Bergman. Le sénateur du Colorado, la décrit dans un discours comme un «puissant agent d’influence du mal» ! Le lobby du puritanisme, tant redouté par les patrons d’Hollywood, vient de donner un coup d’arrêt à la carrière de l’étrangère qui ne l’avait pas pris au sérieux. Le film est éreinté par la critique. Le studio RKO, co-producteur du film et coupable d’un véritable massacre dans le montage de la version américaine, ne travaillera plus jamais avec Rossellini. Quant à Ingrid Bergman, après sa rupture avec le metteur en scène italien, elle remportera encore deux Oscar, mais pour des films tournés en Europe !
Par Antoine Sire
Stromboli
1950
Avec : Ingrid Bergman, Mario Vitale, Renzo Cesana, Mario Sponza, Roberto Onorati
Scénariste : Roberto Rossellini, Sergio Amidei et Gian Paolo Callegari
Distribution : Films Sans Frontières
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